Paul - Hitchhiking from Canada to Colombia (2008-2009) & Mathieu - Living in Mexico (2008-2009)

Quelques 19 900km, en stop et en bus!


Afficher Itinéraire de Paul avec les légendes
22 décembre 2008

Vers Xalapa! (P)




Nous traçons à présent notre route à travers le désert du San Luis Potosi. La route sur laquelle nous passons semble être la seule source de revenus des rares riverains que l'on y rencontre, mise à part celle -misérable sûrement- des quelques fermes qui les nourrissent: les habitants ne tiennent exclusivement que des restaurants traditionnels (taqueria, lecheria...) qui ne font en fait qu'office de stations services pour les voyageurs américains et autres de passage, aussi bons soient-ils.

Les maisons n'ont en générale qu'un rez-de-chaussée, au-dessus duquel quelques rares parpaings signalent le rêve innachevé de certains de construire un étage. Derrière ces quelques fermes et baraques parfois groupées se dressent de grandes et sombres montagnes contrastant de façon impressionante avec la clarté du sol poussiéreux, du ciel bleu clair et des quelques cactus et autres du même genre constituant l'unique végétation de ces terres arides... Venant de la côte est et sud de l'amérique, l'impression à la vue de ce paysage hostile m'est forte!



Le bus s'arrête à mon heureuse surprise dans un de ces minuscules hameaux pour que nous puission manger et boire un peu. L'air est sec mais drôlement chaud. Ici, ma seule carte de crédit ne me sert à rien... Scrutant curieusement les tacos et autres petits plats typiques qu'on y sert, je me fait inviter la table d'un père et de ses deux fils. Le plus grand des fils est étudiant quelquepart aux états-unis. D'un air sympathique, il me pose des questions interressées sur mon voyage, tout en traduisant à son père et en m'alimentant en tacos. Lorsqu'ils repartent prendre leur bus, c'est la table voisine qui me fait signe et me nourrissent à leur tour... Leur hospitalité est troublante presque gênante, mais c'est dans ce genre de moments que je me rapelle avec joie ce que m'avait dit Scott -mon ami du Tennessee- un jour de grande faim: "A traveler like you should never turn down a meal!" (un voyageur comme toi ne devrait jamais refuser un repas) Bref, quel accueil!
Lorsque nous arrivons à la capitale, après plus de 36 heures depuis notre départ, il est environ 3 heures de matin. La gare routièere de México Norte ressemble à un aéroport, tant par sa taille que par le nombre de gens qui y attendent. Après avoir acheté pour 3 francs 6 sous mon billet pour Xalapa, je retourne moi aussi attendre avec mes voisins du bus, qui eux partent dans un village plus au sud encore de México. Soledad, la plus attentionnée, réussit avec une soupe et un café à me faire sortir ma guitarre et jouer un peu au fin fond de la nuit au milieu de tous ces méxicains...
A l'aube, je comtemple la magnifique et bluffante diversité des paysages méxicains, confortablement assis dans mmon bus pour Puebla, où j'attraperai le prochain pour Xalapa. Et il faut bien dire confortable, puisque ces bus n'ont absolument rien avoir avec les étroits et mitteux Greyhound américains, malgré leur bas prix!
Arrivé à Puebla, il est temps de prévenir Mathieu de mon arrivée presque imminente. Je m'adonne donc hâtivement à cette tâche auprès d'une borne internet gratuite de la gare, m'imaginant sa réaction à la lecture de mon petit mail.
Enfin, j'achève mon long voyage avec joie lorsque seulement trois heures après je vérifie ma boite mail et m'aperçoit qu'il a déjà répondu et m'a proposé un rendez-vous. Deux jours et demie d'attente et de voyage à travers les plaines, déserts et montagnes du Texas puis du Méxique, dix minutes de taxi à travers Xalapa et ça y est, ca se passe: Je l'ai aperçu marchant vers le point de rendez-vous et nous voilà marchant l'un vers l'autre, tous deux remplis d'une farandole d'histoires, d'expériences inoubliables et d'une touche d'apréhension à partager, en nous fixant droit dans les yeux comme revenant l'un d'un périple au pôle Nord et l'autre d'un voyage sur la Lune!
Même si nous balbutions dans notre français déjà un peu rouillé, les retrouvailles sont fortes. J'espère que notre complicité d'interêt, notre passé et notre futur plus ou moins commun nous permettra de voir et de vivre cette partie du voyage sous un autre angle, plus complet peut-être...

20 décembre 2008

Across the line (P)

Que je m'en aille pour cause d'un visa est un fait, mais il n'est pas la seule raison. Je commence en fait à me préoccuper de mon noël... Et celui de mon pote! J'ai pensé qu'un noël au Méxique avec Mathieu serait plus original et pour le coup moins solitaire qu'ici. Je suis donc parti aujourd'hui pour Xalapa, la capitale de l'état de Veracruz où séjourne Mathieu depuis presque deux mois d'après ce que j'ai pu comprendre à travers la rare et difficile communication que nous avons entre nous. L'excitation est au rendez-vous, pour sûr! Après un peu plus de trois mois de voyage inoubliable, en tout cas pour ma part, je vais pouvoir en relâcher un peu, en partager une petite partie avec mon passé, ma terre ferme, mon pote! Non pas que mes articles web ne jouent pas ce rôle là, mais ce n'est pas pareil en vrai...
Dans le bus Greyhound, il n'y a que des mexicains et si mon envie de les rencontrer reste toujours aussi forte, j'en suis réduit à "las palabras basicas" (les mots de base) et encore, tant en anglais qu'en espagnole, puisque mes voisins ne parlent que très peu d'anglais... J'ai bien sympathisé avec Antonio dans la queue d'attente du bus, mais nous n'avons pas pu s'assoir ensemble. 
 

Je me trouve donc réduit à partager ma musique et à apprendre deux trois mots d'anglais à mon voisin, sans pouvoir dépasser l'impressionnante barrière linguistique qui me coupe tout à coup de mes moyens les plus insoupsonnés. "You better hit the books" (tu ferais mieux d'ouvrir tes livres) me dit finalement la voix de la raison! Je profite donc de mon sentiment de besoin pour sortir les livres d'espagnol que m'avait offert entre autres (mon lecteur cd par exemple) mon ami Scott du Tennessee, me connaissant bien de caractère évasif lorsqu'il s'agit de faire les devoirs!
Ce travail s'avère finalement plus prenant que je ne le pensais. Lorsque j'apprends un chapitre, je peux l'appliquer directement avec mes voisins, qui se prennent d'ailleurs volontiers au jeu du proffesseur. J'altèrne donc avec satisfaction sieste, espagnol et musique.
Une nuit passe et je suis invité à manger le p'tit-dèj méxicain avec Antonio avec qui je parle en anglais. Nous échangons avec interêt nos histoires, moi de mon voyage et lui de son émigration aux états-unis.
Oeufs à la salsa pimenté accompagnés de fajitas de boeuf a la façon Monterrey, je suis bien au Méxique, et c'est bon!
19 décembre 2008

Quand on veut, on paye! (P)

( a partir de maintenant il faudra faire attention aux dates... jai pris pas mal de retard et ecris du passe et du présent selon mes humeurs. je ne publierai pas les articles dans l'odre chronologique, mais la date de l'article correspondra au moment ou je l'ai vécu)

Austin, Texas, Vendredi 19 décembre 2008. Aujourd'hui, c'est la date officielle de l'expiration de mon visa américain, malgré le fait que mon nouveau passeport ne le contienne pas. Après 4 jours passés à essayer de trouver autre chose qu’un bus pour partir au Mexique, me voila finalement à corrompre un chauffeur du bus mexicain pour pouvoir sortir d'Austin.
Les deux tentatives de covoiturage par le site "craigsliste" ont échoués misérablement (changements d'avis et communication raté), après quoi le contact que j'ai dégoté à converser avec un mexicain à filé au dernier moment. Il était convenu hier par téléphone de se rejoindre ce matin à 5 heures devant l'entrée du magasin "Sears", pour y partir pour San Luis Potosi, où je prendrai un bus. Je me suis levé à 4 heures, puis j'ai pris mes quelques affaires, me suis préparé un Tupperwear de notre casse-croûte d'hier et dit au revoir à mon compagnon avant de marcher une petite demi-heure vers mon rendez-vous. Pas de bol, il y avait deux entrées et plus de gens et de voitures que je pensais. Quoi qu'il se soit passé réellement, j'ai fini par arrêter d'attendre un type qui m'avais loupé, ou qui ne viendrai plus et je me suis dirigé en grommelant vers ces satanés bus Greyhound. Comme par malédiction la encore, tout était complet jusqu'à Lundi. Les États-Unis voient en effet partir beaucoup de mexicains pour les fêtes et j'ai stupidement décidé de partir exactement quand il ne fallait pas, lorsque tous ces mexicains remplissent les bus pour aller rejoindre leur famille.


Deux bonnes heures de marche et de recherche plus tard, je me suis arrêté bien décidé à partir en temps et en heure, devant un petite boîte d'autobus mexicains. Après m'avoir été dit qu'il n'y aurait là non plus pas de tickets jusqu'à lundi, une mexicaine m'a fait comprendre qu'un petit billet au chauffeur (à la mexicaine) m'offrirai sûrement la place de l'absent second chauffeur qui n'est théoriquement pas à vendre. Il me promet d'abord Mexico pour 70$ (au lieu de 130$ avec greyhound), avant de finalement m'abandonner à San Antonio (gratis), plus au sud du Texas, faute de n'avoir réussi à esquiver la pression de l’œil observateur de sa supérieure d'ici. Sans chercher à comprendre pourquoi ici plus qu'à Austin, je réussit bizarrement à réserver un ticket Greyhound pour México de la manière la plus simple pour ce soir à 19 heures... Le temps de passer un chouette moment à jouer pour les habitués du parc de cette sympathique ville texane et à manger un ultime et authentique burger américain dans le resto de la gare routière.
"Quand on veut, on paye!" me chuchote un petit démon d'un sérieux comique et concluant, au coin de mes pensées.
19 novembre 2008

Mail à Diane - bad trip

Mail à ma copine ou ex-copine (on ne sait pas trop, c'est flou)
Diane
... Ah ça pour en avoir, il y en a des nouvelles... J'ai passé une semaine et demi de rêve à NYC, élection d’Obama, rencontre avec un philippins  qui m'a accueilli le troisième jour pour le reste du séjour et qui m'a montré tout ce qu'il aime de NYC. J’ai aussi rencontre un paparazzi français bien réputé avec qui on a finalement été voir un comedy show, et avec qui on a trippé sur les photos. On a même été jouer à la pétanque avec d’autres français expatriés...!! J’ai pas mal utilisé ton petit bouquin méga exhaustif! Il est très cool pour le contexte historique.
J’ai décidé ensuite de partir en stop pour Nashville - Music city- à 1500 km de là! Je compte environ 5 jours. Je dors au motel le premier jour (on me le paye bien sûr) dans une tente avec un sans-abri le deuxième jour, au motel avec un danseur mi-hollandais avec qui on boit de la bière le troisième jour. On a tellement trippé et créé un bon contact qu’on a échangé adresses et tout et tout en nous promettant de se revoir, je te le présenterai un jour! Comme il allait à NYC et qu’il me proposait un bouquin, je me suis dit qu'un échange serait une bonne chose, je lui ai donc refilé mon guide (celui que tu m’avais offert...) en me disant qu’il valait mieux qu’il serve à quelqu’un au lieu de risquer le vol et de me peser. Bref bon type vraiment. Le lendemain je dors dans un Days inn comme au canada (c’est-à-dire discretoss sans payer) mais encore mieux car c’était une chambre en réparation ouverte, avec TV douche et tout et tout!

C’est là que les choses se corsent... Je me suis levé en forme et suis parti pour mon soi-disant dernier jour de stop. Apres quelques expériences plus ou moins bonnes, un couple de hippies livreurs me prennent dans leur camion utilitaire à Knocksville dans le Tenessee pour Nashville, jackpot. Ils ont deux chiens et s'appellent Mike et Doris. Nous décidons au bout d'une heure de route de s'arrêter à un marché aux puces dans un patelin au bord de l'autoroute. On se sépare dans le truc en se disant a plus tard quelque part dans le magasin. Une heure plus tard environ, ayant bien déliré dans le magasin, je décide de ressortir vers la camionnette ne les ayant pas croisés. Je réalise à ce moment que j’ai peut-être été un peu long à la détente, car ils sont déjà partis. Peut-être ne mont ils pas trouves et sont-ils partis un peu énervés, peut-être m’ont-ils fait un coup, je ne sais pas. Stressé je les cherche partout et découvre qu’ils n’ont même pas laissé mes affaires au magasin. Après une déclaration de vol très peu renseignée, je perds espoir, j’ai tout perdu. Tout. Sac, guitare, et dans ma guitare appareil photo et portefeuille... Depuis je suis arrivé à Nashville, j’appelle les objets trouvés, j'essaie d’impliquer un peu plus ces cons de flics, et j'entame finalement les procédures de passeport etc. ces trois jours ont été terribles pour la plus grande part, même si les gens chez qui j’ai atterri -après mon passage à l’armée du salut avec les junkies et les fauchés- sont très sympas et arrivent à me refiler un peu le moral, quand ils sont là. Le matin quand je suis tout seul je tourne en rond en me demandant par quoi commencer stressé comme tout, et je fini dans la rue, écroulé quelque part à pleurer tout ce que je peux en m’apitoyant sur mon sort, mon stupide sort.
Aujourd’hui je me suis levé en vitesse lorsque j’ai entendu du bruit, le fait de parler à quelqu’un me sort de mon horrible réveil. Ça va mieux surtout que mes parents m’ont écrit hier, et que j’ai un dernier plan. Demain j’irai a la station-service ou les gens m’ont pris en stop et j’essaierai de convaincre les flics de chercher pour un numéro d’immatriculation sur les vidéos ou  un reçu de caisse. C’est ma dernière chance, très faible mais au moins j’aurai fais tout ce que j’ai pu.
A partir de là, j’irai a Atlanta au plus proche consulat me faire refaire mon passeport, et j’informerai Mathieu que je vais être en retard au Mexique...
Je pense que je vais me chercher un boulot ici à Nashville ou les couchsurfeur m’ont proposé une place dans la coloc.
Je m’en veux terriblement mais ça finira par passer, et je saurai ce que ça fait de se retrouver en slip et en chaussette, presque littéralement. Pour les photos il faudra attendre un peu, je ne suis pas encore prêt à me racheter un appareil. Et pour ma guitare c’est pareil. Je vais faire de mon mieux pour compléter mes articles et les rendre bien complets pour être appréciés sans photos.
Voilà c’est à peu près tout... Ma petite vie de miséreux depuis Samedi. Enfin bon. Si les autorités et les services d’objets trouvés sont des vrais cons, les gens sont tous avec moi et me remontent bien le moral.
D’ailleurs tu ne vas pas me croire mais je corresponds depuis ma mésaventure avec Matteo Pennacchi sur facebook! Il a aimé mes articles et il m'encourage dans les virages de mon destin. Enorme je t’enverrai la conversation si ça t’intéresse. (Il parle très bien français donc mon premier message est en anglais et les autres sont en français)
J'adore entendre de tes nouvelles, tes idées, tes goûts, tout ton petit toi. Décidément je suis très attaché à notre correspondance moi aussi. J’ai envie de te serrer dans mes bras et de t’avoir contre moi dans ces moments difficiles.
Je t’embrasse très fort,
-P

17 novembre 2008

Game over...

à Marc (mon père), par mail, depuis la bibliothèque municipale de Nashville
Salut la famille
Par ou commencer?
Je viens d'arriver a Nashville, en 5 jours de stop. Mais hier je me suis fais tout voler.
Un petit véhicule utilitaire, un type et sa femme plutôt sympas me proposent de m'emmener, d'un truck stop près de Knocksville, Tennessee jusque Nashville Tennessee ou ils doivent faire une livraison. J’accepte volontiers et ils m'emmenent sur le chemin dans un fleamarket (marché aux puces) pour "kill some time" car ils ne sont pas pressés. N'étant pas pressé non plus, on entre dans le truc et nous donnons un peu de temps pour nous retrouver à l’intérieur et repartir. Une demi-heure ou une heure plus tard, les ayant un peu zappés, je retourne dehors pour les retrouver et ils sont déjà partis, avec tout ce que j'avais. Comme un con j'ai tout laissé dans leur véhicule : ma guitare, mon sac, avec dans ma guitare mon appareil photo et mes papiers, parce qu'il m'est arrivé de faire tomber ma sacoche, donc je préfère la laisser dedans.
Peut-être ont ils cru que je les ai lâché, peut-être voulaient-ils me voler, je ne sais pas.
J'ai été voir la police, mais n’ayant ni numéro de plaque ni nom de famille ils ne peuvent rien faire. La seule micro chance de les retrouver c’est de retourner a Knoxville et de convaincre le truckstop de me montrer les vidéos (s'ils en ont) pour retrouver une plaque d'immatriculation ou un ticket de caisse. Après ils faudrait attendre que la police les retrouve, et il y a peu de chance selon les flics. L'autre option c'est les objets trouvés. Mais ils n’ont aucune connection donc il faut que je trouve internet et il y en a une par county ( département ) . Ma déclaration de vol na pas été faite très bien apparemment et ils n'ont donc pas trop moyen de me contacter par mail. Ils peuvent peut-être envoyer une lettre en France grâce a mes papiers mais ça ne serait pas pour tout de suite. Et ça c'est si le couple a retourné mes affaires aux objets trouvés...
Que faire?
Pour me refaire un sac ils faut que j'aille a Atlanta pour le passeport et il faut a peu près un mois. La carte de crédit je ne sais pas encore... ma trousse a pharmacie aura le temps d'être faite entre temps. J'ai a peu près 300 dollars [mensonge pour le s rassurer, c'était 100 en fait NDLR] sur moi, et normalement j’ai quelqu'un de couchsurfing pour m'accueillir ce soir. Sinon au pire il y a des refuges a Nashville.
Je ne sais pas trop sur quoi miser mais en tout cas il me faut mon numéro d’assurance au cas ou, c’est le seul truc que j’ai oublié de photocopier.
Je serai si tout va bien joignable sur ce numéro dans 2 heures, 1-469-688-3610 et sinon j’ai un type a côté de moi qui sait ou je suis dont le numero est 1-412-452-3353
voilà si vous avez une idée appelez moi, je suis assez bas dans le moral.
xx
p
12 novembre 2008

Megalopolis, ou New York plutot... (P)






"Allô... Oui Boston? Bonjour! Ici Paul Lesty, voyageur-musicien international parcourant les Amériques à la recherche de partage et d’expériences humaines, je voulais savoir s'il y avais quelque chose de disponible?... Ah... Pas pour le moment... D'accord... Bon... Et bien à une prochaine fois alors... "
Natasha et moi ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Je crois que le seul fait que je sois français a suffit pour qu'elle m'héberge. C'est tout ce qui l’intéresse. Je fais beaucoup d'efforts pour partager, mais j'ai du mal à percevoir quelque chose en retour. Nous rentrons au bout d'un quart d'heure de la fête d'Halloween qui est "trop jeune" pour elle, je suis refusé à une soirée couchsurfing qu'elle a en partie organisé n'ayant pas 21 ans et elle ne veut pas me raconter son travail dans les finances parce que c'est le weekend et qu'on ne parle pas boulot pendant le weekend. Elle a fait Harvard! Ça doit être pour ça... Aujourd'hui, trois jours ont passé depuis mon arrivée : fatigué de ses remarques et ne voyant pas d’intérêt particulier à l'expérience, je décide de partir avec le premier bus de demain pour New York. En attendant, ne trouvant personne avec qui partager un bout de chemin, je me dirige vers la fameuse école de musique de Berkley pour voir un peu ce qu'il s'y passe. Une cigarette avec un élève et ma guitare me permettent d'entrer avec lui incognito. Quatre formations des plus incongrues répètent dans la seule allée que je traverse ; toutes du jazz des plus élaborés, assez pour m'en mettre une bonne dans la face! On m’envoie finalement quatre blocs plus loin dans un petit bar, où un petit groupe de l'école organise un bœuf. J'y boit un jus (puisque c'est tous ce que j'ai le droit d'y boire) et savoure la musique sans oser me proposer à boeufer. Quelque chose ici m'empêche d'aller vers les gens, pour une raison ou une autre. Je ne sais pas ce que c'est mais tant pis, Boston sera pour une autre fois, l'été peut-être, puisque c'est vrai qu'il y fait un froid à m'en casser les cheveux (qui poussent d'ailleurs!).

8h30, j'ai bien dormi et me suis préparé quatre crêpes au fromage. Je vais à présent en direction des bus Fung Wah, qui vous déplacent entre les métropoles de la Megalopolis, d'une chinatown à l'autre pour des prix imbattables! 15$ de Boston à New York, c'est presque moins que de prendre un bus pour aller commencer l’auto-stop d'une banlieue de Boston.
J'attrape dans la gare un journal quotidien qui ragote sur Bush et les deux nouveaux candidats aux présidentielles américaines. Un schéma minimaliste y présente le parcours de Bush en 12 étapes, parmi lesquelles la guerre en Irak ou encore son omniprésente indifférence face aux attentats du 11 septembre ou à l'ouragan Katrina. Sur la page d'après figure le titre "Électeurs vous allez voter pour des menteurs" suivit d'un comparaison parallèle des 10 "plus grands" mensonges des deux candidats. Quelle époque...
Contrairement à la réputation de chauffards que se sont construit les chauffeurs Fung Wah, le voyage est très agréable et sans faux pas.


J'arrive à New York vers 13h. Comme lors de mon second passage à Montréal, je ressent la chaleur du déjà vu, du "je sais où je suis et ce qui s'y passe". Mais New York a ce petit particulier de contenir un monde entier, son meilleur et son pire, bien qu'apparemment le pire y soit moins présent qu'avant, voir absent. Il nous reste donc presque plus que le meilleur: "que demande le peuple?!" A Chinatown, tout est chinois ; même la police! 
Tandis que je m'y balade, mirant au dessus des têtes chinoises du haut de mon mètre 94, je remarque que souvent ces gens ne parlent même pas l'anglais. A quoi bon?, me direz-vous, lorsqu'on a tous ce qu'on veut à disposition et dans sa langue... Mais qu'y font-ils alors? "Bin ils y vivent, banane!" A New York plus qu'ailleurs, on se débarrasse vite de beaucoup de préjugés. Ainsi les Etats-Unis, et NYC (New York City) plus particulièrement ne sont vraiment pas seulement peuplés que d'américains gros et blancs parlant anglais du tout. En fait, 28 états seulement ont proclamé l'anglais comme langue officielle, dont 2 en ont une deuxième (l'espagnole au Nouveau-Mexique et le français en Louisiane), pour l'exemple. Une culture moderne et jeune certe, mais internationale pour sûr!
Quelques stations du subway, quelques pieds de marche dans les rues de Manhattan et quelques clics à la bibliothèque du Lincoln center me permettent cette fois ci de trouver un lit pour ce soir. Je dis un lit seulement puisque le couchsurfer qui m'invite cette fois n'est pas là. Il m'a laissé son numéro, les indications pour trouver ses clefs, deux trois instructions et me fait confiance. Je peux y rester un jour. En y arrivant, je prend mon habituel et malin plaisir à explorer ses collections, ses lectures et ses apparentes habitudes de vies. Ce sera ma façon de le connaitre. Ferenz doit être à moitié français ou avoir vécu longtemps en France, à en juger de sa bibliothèque, des 2-3 minutes de conversation au téléphone avec lui et des mots de remerciements qui sont accrochés sur les murs de son appartement. Sur un des mots, je lis qu'il est possible de monter sur le toit de l'immeuble et qu'on y a une belle vue. Mon appareil photo en poche, je me réjouis d'y monter et d'aller y fumer la cigarette que je viens de taper à un type.
Au delà de la vue qui serait bien meilleure de jour, j'y trouve une chaise, une table basse et quelques journaux... Assis confortablement sur la chaise et les pieds sur la table, j'y savoure un de ces moments où l'on se dit: "je suis en train de vivre un petit moment banal dans un endroit exceptionnel, la classe!'' Demain ce sont les élections présidentielles des Etats-Unis! Suspens...


Réveil en douceur, petite douche, petit mot de remerciement et il faut quitter les lieux. Ferenz reçoit du monde ce soir et il n'y a plus de place pour moi. Un jus tropical et un paquet de gâteaux secs en guise de déjeuner, je flane dans les grandes rues et avenues de Manhattan à la recherche d'un bon endroit pour jouer un peu de musique ou d'une rencontre. Je doit avouer que les gens sont un peu tendus même si ici à NYC, la tendance est quand même bien de gauche d'après les réponses de mes "interviews". On se demande si on va vivre un moment de soulagement et de fierté ou si l'on va se retaper un vieux républicain ou pire encore Sarah Palin! D'autres n'iront pas voter du tout: "A quoi bon voter?, nous n'avons aucun choix de toutes manières, les hommes puissants de ce monde nous manipulent plus que nous le pensons ; nous sommes machinalement articulés..." Je pense que les moyens qu'ont employés Bush et son administration ont blasé la population américaine plus qu'autre chose. Les décisions que prennent certains me paraissent relever plus d'une lassitude peu raisonnable qu'une action contre la manipulation des grands. Dommage! Espérons que les plus motivés relèveront le niveau.


Je passe ma journée à errer ça et là. Je repasse toutes les x  heures à une bibliothèque et m'y connecte à internet et couchsurfing pour voir si l'on peut m'accueillir, en vain. Mais aujourd'hui contrairement à la dernière fois j'ai trouvé une auberge de jeunesse pas cher (15$), et donc faisable. D’autre part, les couchsurfers New-Yorkais ont organisé une soirée dans un bar de Union square, qui diffusera les élections en direct. Si je n'y trouve personne pour m'accueillir j'irai à l'auberge de jeunesse. Au moins j'aurai vécu les élections au cœur de l'action! Ici à Union Square l'excitation commence tôt. Vers 19h, le petit carré grouille de monde : journalistes, commerçants et policiers gonflent l'importance que prend enfin ce moment. On y vend des T-shirt, des Pins, des tableaux, des casquettes, et tout ce qui peut immortaliser la tant attendue victoire d'Obama.
J'y rencontre Mario, New yorkais malgré lui : si par habitude mes rencontres me construisent telle ou telle image d'un pays, d'une culture ou d'une langue qui me sont inconnus, lui est un mélange incompréhensible. Lorsqu'on se quitte, je n'ai pas saisi d'où il était ni ce qu'était sa langue maternelle, mais il m'a proposé de m'héberger demain, ça je l'ai compris. Après une journée plutôt tranquille, un peu d'hospitalité ne fait pas de mal!
 
Au Union bar, difficile de bouger! Je rencontre des italiens avec qui l'on trinque un coup avant de rencontrer quelques couchsurfers. L'ambiance est à son comble, les gens chahutent, huent et sifflent aux prévisions annoncées sur les écrans. Voir Barack Obama se faire élire ce n'est pas tous les jours il est vrai, mais je viens d'être invité chez Sophie, jolie belge. Comme je ne refuse que rarement, nous voilà donc en route pour son appartement à Queens, avant la fin du décompte. Union Square est plein à craquer et j'en imagine autant pour le Rockefeller center ou Times Square. En arrivant, nous allumons la télé et c'est fait : Obama président des USA!! Le pays est déchaîné, les américains se sont réunis dans toutes les grandes villes et font la fête. Ici au Queens, il fait assez bon pour aller fumer une cigarette et partager le moment avec les voisins que je rencontre sur leur pallier américain se balançant sur une "rocking-chair", mais c'est tout... J'apprécie donc le confort du bon lit que m'a préparé Sophie, avec qui nous marquons le coup avec une bière fraîche !

Mon réveil est plutôt chouette : après une douche bien méritée, Sophie nous prépare un petit-déjeuner des plus américains, comme je les aime! Oeufs, haricots, bacon et tomates, "It hits the spot!" (Dans le mille!) De son année à NYC, elle a collectionné ses endroits favoris et les partage volontiers avec moi, qui commençais à me sentir un peu débordé par les "choses à voir"... Je pars donc finalement voir le petit quartier de 5 Pointz dans le Queens, quartier marqué par la bonne centaine de graffitis qui ornent immeubles, escaliers, poubelles et magasins ; New York n'est en effet vraiment pas mauvaise dans la discipline!
Je consacre ensuite mon après-midi pluvieuse dans le business district, au sud de Manhattan, visitant les fameux centres financiers, les architectures surdimensionnées et finalement Ground Zero et le musée des tours jumelles et de la terrible journée du 11 septembre 2001. Comme après avoir appris un nouveau mot, je remarque tout à coup beaucoup plus les séquelles s'y référant. Dans le subway paraît une affiche publicitaire destinée aux victimes des ravages de la poussière néfaste qui s'était installée dans les poumons de tous ces bénévoles après les attentats. Les chiffres y figurant sont frappants et témoignent en plus de la scène de l'ampleur des dégâts sur les New yorkais.

La nuit tombée et les gouttes tombantes, il est temps de me préoccuper de mon toit! Je prend donc un subway vers chez le fameux Mario, à Dyckman street, décidément cette station héberge les hospitaliers. Coïncidence! Il est vrai que notre conversation au Union Square fut courte, peut-être un petit quart d'heure pas plus, mais Melvin -le routier qui m'a emmené à Boston- m'a dit ce jour là, à juste titre: "Si tu n'ouvre pas la bouche, personne ne te nourrira!" Depuis, je me gêne moins pour demander, ou pour faire valoir des promesses plus ou moins "en l'air", car je suis toujours persuadé que mon exotisme et ma fraternité accompagné d'un petit coup de main pour ceci ou cela vaut bien l'hospitalité de ces bons curieux! Et pourquoi pas non-plus en profiter pour se faire un ami de plus?! C'est donc avec bonne surprise que m'accueille Mario dans son petit chez-lui, croyant sans doute que je ne le rappellerai jamais... Nous buvons du vin rouge tout frais du frigo (ah ces américains! me direz-vous) et fumons un gros cigare tout en boeufant la guitare et les congas, avant d'aller nous coucher, lui dans son lit et moi... sur le sol, comme il m'avait promis.
Si le réveil à 7h n'est pas pour conforter ma dure nuit, j'en profite tout de même pour en faire une bonne journée de tourisme... C'est donc parti pour le borough de Staten Island, d'où je me suis promis de prendre quelques belles photos du business district de Manhattan et de la fameuse et française Statue de la Liberté, sous les nuages... Arrivé sur l'île, je m'offre deux Muffins bien américains des plus exquis dans un inhabituel petit café, avant de repartir en ferry pour le réputé musée MoMa. Sur mon chemin, je rentre par curiosité dans le magasin M&M's: trois étages d'articles des plus divers à l'effigie des bien connus M et M, dont un bien sûr consacré aux bonbons en eux-mêmes, pour tous les goûts et à toutes les noix possibles et imaginables... la folie!
Je sors finalement du MoMa avec ma dose de tourisme en solitaire... Je m'arrête donc à l'improviste dans un grand couloir de métro et me met à jouer, afin de me sentir un peu plus utile. Bonne initiative! je gagne de quoi aller manger et boeufe avec un guitariste et une charmante chanteuse qui se proposent à m'accompagner. De quoi rassasier la soif de contact humain que j'avais accumulé tout au long de cette journée
Ce soir, c'est jeudi soir, ce qui veut dire soirée couchsurfing au revival bar. Je m'accroche en effet de plus en plus aux événements couchsurfing: il n'y a après réflexion aucune raison de ne pas y aller! A Montréal et à New York, je n'en garde que de bons souvenirs et il n'y a aucun moyen plus efficace pour rencontrer des gens intéressants et ouverts. Après avoir consacré un moment à écrire quelque pages de mon voyage, je me dirige donc plein d'entrain et chargé comme une mule vers ce fameux bar. J'y revois quelques têtes connues du soir des élections et m'y plait sans tarder. Européens, nord et sud-américains, australiens, asiatiques, la Terre y est représentée. Détail important on y mange gratuitement et les bières sont à 6$ dont une offerte pour l'occasion! Les couchsurfers de NYC sont donc en plus bons négociateurs!
Une bonne dizaine de conversations me conduisent à rencontrer Neil. La jeune trentaine, philipinois parti pour New York depuis 8 ans, c'est le type qu'il me fallait rencontrer : il me propose son canapé dans son 10m² pour le temps qu'il me faudra, sur St Mark's place, en plein milieu du East village! Il a vécu là-bas les huit ans ; bien qu'il pourrait vivre dans cinq fois plus grand dans le Queens pour le même prix, cela ne l’intéresse pas. Sans trop de besoins et vivant simplement, il est ce qu'on pourrait appeler un "New York Lover"! J'accepte donc avec plaisir, sentant d'instinct que ça pourrait être chouette. En effet, il m'en faut peu moi aussi pour vivre confortablement. Le vrai confort en fait, c'est d'avoir avec soi un type sympa qui connait la ville et qui l'aime vraiment, sans parler du fait d'être en plein centre de Manhattan! Nous partons donc du bar en direction de son chez-lui, après quoi il m'offre fièrement une bière budweiser sur vue de la rue St Mark, du haut de son mini-balcon du premier étage... Comme lui, je trouve que c'est la classe! Cette rue est apparemment historiquement jeune et artistique, et de fait sent la bohème et la vie de nuit, bref, de quoi vous plonger dans une ambiance encore particulière de NYC.

Neil est aussi le genre d'hôte qui vous met très vite à l'aise avec des petites phrases simples du genre: "Fais comme chez toi ne te gênes surtout pas; voilà une paire de clefs de l'appartement pour que tu n'ai pas de problème pour rentrer. J'ai mis dans la petite bibliothèque un tas de bouquins sur New-York, de magasines d'événements de New York etc. pour que tu ne rates pas les choses qui te plaisent, bref sers toi n'hésites pas!"
C'est donc ici que je suis invité à passer le reste de mon séjour à NYC, et le confort que m'apporte cette situation est sans égal. Je n'ai plus qu'à profiter.
Neil travaille dans une compagnie asiatique d'import de jouets si j'ai bien compris. Il part le matin vers 8h et reviens vers 5h de l'après-midi, après quoi nous nous improvisons une soirée quand je suis là. Puisqu'il m'a aussi mis à disposition son ordinateur, je consacre tout les jours une partie de ma journée à écrire mes articles, soit quand il pleut dans la journée soit le soir tard avant de me coucher. Le reste est toujours improvisé selon l'humeur, les événements et la forme.
Nous partons pour une exposition photo dans le Queens pour finir au fameux bar Blue Note pour une bière au Jazz un soir ou nous nous posons devant un bon film les soirs de fatigue, mais chaque fois nous partageons nos goûts pour tel ou tel art ou culture en générale. Un jour de pluie il m'invite pour un super breakfast américain avant de m'emmener à un bloc de chez lui au Mc Sorley's Old Ale's House : un bistrot irlandais bondé, au sol couvert de sciure imbibée de bière, aux vieux ustensiles et aux bières aussi bonnes que peu-chères. Le plus extraordinaire est qu'il est le plus vieux bar continuellement ouvert de New York, étant ouvert depuis 1854!
Aujourd'hui nous partons à pied pour une véritable visite guidée du Downtown Manhattan. Du East village, nous traversons Greenwich village, Soho, little Italy puis Chinatown pour finir sur le Business District, tout ca accompagné des connaissances les plus variés et interessantes de Neil. Le temps devant nous, rentrant dans les magasins les plus insoupsonnés et grignotant de tout et n'importe quoi dans Chinatown, je découvre enfin la vrai richesse de NYC: son incroyable diversité dans tout les domaines, sans exception. Nous décidons finalement de finir en beauté la journée en empruntant le brooklyn bridge pour aller voir la NYC skyline de la Promenade et y prendre quelques photos du genre carte postale au coucher du soleil. Je suis convaincu! Mes photos montrent tout le downtown Manhattan, la statue de la liberté et tout ca au coucher du soleil puis de nuit...
J'ai constaté qu'il est très stimulant pour l'écriture et pour le moral de faire tant de choses. Si il est vrai que j'aime le calme et la beauté de la campagne dans laquelle j'ai été élevée, j'aime tous comptes faits encore plus l'activité, la disponibilité, la diversité, la richesse et le charme de la ville qui ne dort jamais... Il faut le voir pour le croire!
Aujourd'hui, j'ai prévu d'aller voir Central Park et de revenir à pied vers East village. Une sacrée trotte il faut le dire, mais après une journée comme celle d'hier je suis entraîné! Ma guitare sur le dos et le soleil brisant la glaciale sensation du vent de cette fin d'automne, je sors comme un poussin de son œuf du Subway dans le East Harlem que je n'ai encore jamais vu. Longeant d'abord les écoles primaires et terrains sportifs regardant avec admiration l’énergie qui sort des danses break et hip hop des gamins dans les cours de récréation, je passe ensuite sans m'arrêter devant les groupes de jeunes vieillis en quête du petit billet vert de chaque passant pour entretenir leur alcoolisme et autres addictions malheureuses...
J'arrive quelque blocs plus tard à Central Park! L'entrée, minuscule par rapport à mes imaginations, laisse place à de petites allées piétonnes bordées de magnifiques arbres chinois et autres plantes à allures chinoises dans un style très simple mais imaginé à la perfection. Enchanté donc dès les premiers pas je flâne en direction du Downtown de long en large dans les encore et toujours milles et unes facettes d'un parc dont la renommée conforte encore mon estime de NYC. Lacs et mares, terrains de sports et lieux de détentes, fontaines, petits ponts et autres œuvres architecturales, tout a un charme des plus touchants. Je m'arrête ça et là pour jouer un peu, seul ou avec les quelques musiciens qui osent encore jouer par ce froid, avant de rencontrer Rachid. Prenant quelques photos et ayant entendu parler français nous nous présentons spontanément : Rachid est un paparazzi français exilé depuis maintenant 8 ans aux Etats-Unis qui vient de déménager de Los Angeles pour New York. Amusé par ses histoires "people" et par ses photos, nous échangeons nos adresses mails et promettons de nous revoir avant que je quitte NYC. Je descends enfin, pour finir en douceur, les 51 blocs qu'il me reste du columbus circle (au coin sud-ouest de central park) jusqu'à St Mark's place! Bien sûr je ne rentre pas le ventre vide, ni le porte-feuille indemne... Je me suis régalé d'une énorme part de cheesecake de New York et me suis fais vendre deux tickets pour un spectacle comique ce soir dans le Upper East side en passant par Times square. L'argent ne rentre pas beaucoup mais il faut savoir se faire plaisir de temps à autres! Et puisque Neil n'est pas en forme pour venir, c'est avec Rachid que nous nous donnons rendez-vous. Il viendra après avoir immortalisé quelques mouvements d'une star dans un endroit dont il connait des informations!
Le petit bar est international, danois, anglais, sud africains, australiens et français du coup. Le rêve pour les comiques, qui se font une joie de se foutre bien gentiment des différences de réactions par rapport aux crises et cultures actuelles. Satisfaits et le sourire aux lèvres, nous décidons en repartant d'aller faire un petit tour à Central Park. Tout un autre monde de nuit!
Il m'apprend du coup à me servir de mon appareil photo, puisqu'il a en fait plus de paramètres que je ne le pensais. Ouverture de diaphragme, focus, vitesse d’obstruction, ISO et exposition en général, il y a de quoi faire... Ayant exhaustivement expérimenté la pause longue devant une mare du parc, nous repartons, redescendant vers le East village à pied, où il prendra un subway pour l'appartement de son pote dans Brooklyn.
Le ciel est bleu et le vent est froid ce 11 novembre 2008. Coïncidence ou pas, c'est au jour de l'anniversaire de l'armistice francais que j'ai été invité à jouer à la pétanque dans le Bryant Park avec Rachid et d'autres français! J'ai décidé de partir demain en stop pour Nashville, à environs 900 miles soit 1500km d'ici : nouveau défi! Ce fait en tête j'apprécie plus encore chaque détail, moment et particularité de mes dernières heures dans la "Big Apple". C'est lorsqu'un bon moment s'achève qu'on s'aperçoit qu'il a eu lieu. Nous gagnons une partie, en perdons une autre et nous sentons chez nous dans notre petit coin français perdu au milieu de la métropole.
Mes affaires empaquetée, je descends dans la rue St Mark's pour manger une dernière fois la part de pizza à 1$ et le falafel à 2$ qu'ils y vendent. Rachid est venu me dire aurevoir. Nous marchons un peu, puis nous nous saluons et nous séparons. Mon dernier film avec Neil et tout est devenu "dernier". Petite nostalgie, grande hâte, un autre chapitre se termine sans dévoiler sa suite!
7 novembre 2008

Dont worry lami! (M)

Écrit par Mathieu, mon ami en vadrouille au Mexique pendant que je descend du Canada

Ya des moments ou c'est pas facile,c'est vrai,mais qu'on les passe ici ou la bas,c'est presque la meme chose.Ce qui change,c'est qu'ici on a personne pour nous reconforter et encaisser les sales moments de galere avec nous.,la solitude qui peut devenir insoutenable parfois..Tout cela fait aussi de nous des hommes,capables d'affronter seul la vie,en se debrouillant pour vivre et survivre,pleurer a l'interieur tout en restant fort quand ca va mal..c'est ca aussi etre maitre de soi.Etant donner qu'ici on a personne,et que la galere fait partis de nos choix,on l' a voulu donc on pas le droit de se resigner,de baisser les bras.La liberte se paye et ne se resume pas seulement a partir de chez soi.On prend la total responsabilite de ses actes,de ces decisions,de ses destinations et de ou on veut aller dans la vie.Les moments de tristesse sont multiplier par 100,mais le bonheur,lorsque il pointe le bout son nez,ne connait pas de limites.. c'est pour ca mon copain,t'es tout seul mais ce sont tes choix,le prix de ta liberte.Malgres ca ,des gens pensent a toi ,ou alors c'est toi pour aller mieux qui doit penser a eux.. on se voit bientot grande pine d'huitre
31 octobre 2008

Tentative de record en autostop! (P)



Me voilà donc en route pour Boston. Première étape : passer la frontière! Elle n'est normalement qu'à une heure de Hamilton, mais je n'y arrive moi que vers midi, après quatre heures de stop. La frontière sépare la ville canadienne de Fort Erie de Buffalo, première ville étasunienne de part et d'autre du fleuve Niagara reliant deux des Grands Lacs. On la traverse sur un pont d'environ un mile, à pied ou en voiture. Faute de n'avoir pas trouvé de voiture, me voilà sur le pont seul avec tout mon attirail en train de traverser la frontière! Une bonne heure plus tard, je sors du bureau de douane, après avoir encore usé de patience et de diplomatie auprès de la suspicion systématique des douaniers à l'égard de nous-autres étrangers. La police est partout autours de l'endroit, et ceux à qui je parle m'interdisent d'aller faire du stop devant eux, alors que j'ai lu hier encore que tant qu'on ne franchit pas le panneau "interdit au piétons" le stop est légal. "C'était un article de loi brut, je vous jure!" Rien à faire...
Je marche donc à travers la ville pour aller rejoindre une bretelle non surveillée.
Buffalo ne compte plus que 300 000 habitants aujourd'hui, après avoir été huitième plus grande ville des Etats-Unis avec presque 600 000 habitants en 1950. Pour cause la délocalisation de ses plus grandes industries. Comme beaucoup de villes américaines, les communautés sont regroupées géographiquement. Je passe moi dans la parties habitée par les 8% d'hispanophones.
Le changement avec le Canada est immédiat, ne serait-ce que pour les drapeaux!
J'arrive un quart d'heure plus tard sur ma bretelle. Il ne faut que cinq minutes avant qu'une voiture ne s'arrête : pour une première expérience aux états-unis c'est plutôt pas mal. En fait, j'étais sois-disant près d'un quartier malfamé et ces gens ne voulaient pas m'y laisser seul! Ils ne vont pas loin mais me déposent sur la Highway 90 qui traverse tout l'état de New-York et celui de Massachusetts jusqu'à Boston. A partir de là la vraie partie commence : un seul camion ou une seule voiture peut aller très loin, peut-être même jusqu'à Boston! Mais mes attentes et exigences personnelles s'estompent au fur et à mesure que le soleil poursuit sa rapide chute vers l'horizon, alors que je peine à trouver mon tant attendu long courrier. Je passe finalement un coup de fil à Natasha, Boston ne sera pas pour aujourd'hui.
Après une demie heure de route avec un bon hippie, c'est un musicien qui s'arrête pour moi. Il est en route pour sa répète hebdomadaire à laquelle il me convie, avant de repartir un peu plus loin vers l'Est. Je prends!
Terry est batteur dans un groupe de rock chrétien! Petite prière avant et après la musique et paroles chrétienne font donc partie du show. Contre toute attente leur musique n'est pas mal du tout et selon lui ils organisent de très gros concerts gratuits dans la paroisse du coin. Il faut donc croire que ça a du succès ici. Une heure plus tard nous sommes en route pour l'Est, dans son camion. Terry est en fait plus routier que musicien... Et plus religieux encore que routier : on aurait dit un vrai colon missionnaire! Je supporte donc patiemment sans trop répondre son attitude exagérée presque commerciale par rapport à sa religion, d'ailleurs en désaccord avec ses vrais principes qui ressemblent en fait plus à ceux d'un fasciste... Lorsque qu'il me dépose à un "truck stop" à l'ouest de Syracuse, je suis presque à mi-chemin. Il fait nuit mais ce n'est pas trop tôt... pour le quitter!
Un "truck stop" -litérallement un arrêt de camion- est une station service spécialement conçue pour les routiers. Restaurant, chambres, jeux vidéo, cinéma, alimentation, douches, tout est là pour les divertir et leur offrir de quoi prendre leur pose obligatoire entre leurs énormes trajets. J'y passe la nuit à demander à chaque routier s'il va vers Boston, en vain. Vers 5h du matin après une sieste inconfortable sur un banc, je décide épuisé d'aller m'endormir sur un fauteuil du minicinéma. Pas moyen de fermer l’œil au final: le film (Wild Hogs) est prenant et raconte le périple de quatre motards à travers les états-unis. Après le film, un routier avec lequel je fume un clope me livre les secrets de la radio CB qu'ils utilisent pour prévenir les autres d'un radar ou pour se raconter des conneries. Ils ont bien sûr leur jargon et leur secrets, c'est excellent ! Il m'explique ensuite que la plupart des routiers travaillent pour une compagnie et n'ont pas le droit de prendre de passager sans autorisation. Les autres, selon lui, ont souvent peur de se faire égorger ou quelque chose d'horrible comme ça. D'où le fait qu'il aillent tous vers l'Ouest (soit-disant) alors que je vais vers l'Est!
Je pars à l'aube et me poste sur la rampe d'autoroute en face du truck stop. Deux heures plus tard et devant l'indifférence des conducteurs et la férocité du froid, je décide de retenter les routiers. Bingo! Melvin va jusqu'à Providence, dans le petit état de Rhode Island, à 80 km au sud de Boston. Il transporte des voitures et devra faire un bon détour par Hartford (dans le Connecticut) pour y décharger les voitures, mais ça me convient. Nous partons vers 10 heures. Melvin travaille pour une compagnie et ne prend pas d’auto-stoppeur d'habitude, mais c'est son dernier jour aujourd'hui, alors tant pis s'est-il dit. Il me fait penser à Jay que j'avais rencontré à New York : malgré un esprit ouvert et une bonne personnalité, il ne connaît quasiment rien du reste du monde. Mon projet et mes histoires d'outre-mer lui paraissent à tomber par terre et je m'amuse donc pas mal à lui en faire profiter. Nous passons finalement plus de temps sur la route qu'estimé et je n'ai pas pris le temps de prévenir Natasha, à tord... Lorsque je l'appelle vers 17h elle me sermonne qu'elle a attendu toute la journée alors que je lui avais proposé de ne pas se préoccuper de mon arrivée : j'aurai très bien pu l'attendre moi ! S'en suit donc une course avec le temps pour arriver le plus tôt possible après avoir décharger les voitures du camion de Melvin ! Il se prend au jeu et s'investit comme moi dans l'observation des cartes et essaie de me dégoter un train de Providence à Boston. On doit en plus prendre en compte les routes où les camions peuvent circuler et trouver la gare... Il me dépose finalement vers 20h sur la sortie d'autoroute la plus proche de la gare et je le remercie pour tout ce qu'il a fait spontanément pour moi, en lui promettant un coup de fil et la suite de mes aventures avec Natasha.
Courant à présent avec mon lourd fardeau sur le bord de l'autoroute en direction de la gare, je ne garde plus en ligne de mire que l'horaire du prochain train qui devrait partir dans 3 minutes maintenant... Comme toujours dans ces moments là, la providence me jette mon habituel coup de pouce: "Hey man, you need a ride?" me lance un type qui s'arrête devant moi. Il va à Boston ce soir pour Halloween! Quel coup de chance! Nous passons d'abord chez lui pour qu'il se déguise et j'y prend même une douche... Matt a 40 ans mais paraît n'en avoir que 25, il a habité 20 ans à Hawaï, il est passionné de saut en parachute et son secret est apparemment le Yoga. Nous roulons à présent dans le centre ville de Providence et commentons sans s'abstenir les costumes extravagants que portent les jeunes dans la rue, alors qu'il faut rappeler l'autre... Matt se propose de lui parler au téléphone pour éviter tout malentendu lorsque je le lui dresse un tableau de la situation et de la personne! Quelle classe! De son "zen" omniprésent et pareil à un gentleman, il rattrape incroyablement le coup en proposant à Natasha d'aller ensemble à sa fête d'Halloween. Une heure et de sympathiques conversations existentielles plus tard, nous sonnons à sa porte et la rencontrons enfin le sourire aux lèvres, après presque 42 heures de stop quasi-ininterrompues. Pas de record en auto-stop du coup, mais après de telles péripéties je suis satisfait... "Pas besoin d'une médaille pas vrai!?!"
29 octobre 2008

Niagara Falls... (P)




Dimanche 26 octobre. Je suis "reparti", littéralement. Cette fois ci j' ai pris le métro de 6h30 à Côte-des-neiges pour arriver tôt à Beaconsfield, une micro-banlieue montréalaise, en bus. C'est l'endroit que j' ai choisi sur internet, grâce aux images satellites, pour mon premier point d'autostop! Encore un bon point de l'autostop moderne Nord-américain! Il fait beau, j' ai donc une petite dizaine d'heures de soleil devant moi, pour à peu près 600 km avant la prochaine escale: Hamilton


Je n'ai écrit que deux mails à Damon (le neveu de Tracy) cette semaine et il m'a confirmé avec entrain qu'il n' y avait absolument pas de souci pour que je débarque chez lui!
Les chutes du Niagara sont la principale raison de mon détour par Hamilton, même si Damon aurait apparemment deux trois bricoles à me faire faire. Tout ce qui ressemble à un petit boulot est bon à prendre en voyage. Non seulement pour les sous mais aussi pour le moral. Cela fait du bien de se sentir utile parfois, concrètement.
Au bout d'un heure d'attente, je décolle enfin. Une corvette rouge s'arrête, je monte et c'est parti, le compteur est lancé! Puis vient le tour d'un pasteur membre de AAA qui m'offre toutes les cartes dont j'ai besoin pour l’Amérique du nord. Jusqu'à maintenant je mémorisais la route et ses alentours la veille sur internet, c'est donc un luxe! Les portions de route parcourues sont petites jusque 14h, lorsque je m'arrête pour un casse-croûte express quelque part en Ontario, dans un fast-food... J'suis en Amérique, faut m'excuser! Pour 3 dollars canadiens ça me fait un repas assez calorique pour être un déjeuner-stop ; un déjeuner-stop est rapide et petit ici, je compte en fait tacitement sur la générosité du mécène pour le routard!!


Dix minutes plus tard je suis dans un camion utilitaire avec un québecois en route pour Milton, une autre banlieue de Toronto proche de Hamilton, c'est ma chance de la journée. Les conversations sont un peu forcées, mais j'arrive à Milton pour le coucher du soleil et c'est le principal. J'y erre un peu, le temps de rencontrer deux trois personne pour me guider et pour me rendre compte qu'il n'y a plus de bus direct pour Hamilton. Une de mes rencontre me parle un peu de son coin, et Milton serait selon lui la comunauté à la plus grande croissance cette année au Canada. Admirant un peu les entourages pendant ma traversée de la ville à pied vers l'autoroute, grâce au ciel mi-orageux mi crépuscule inspirant, je constate en effet qu'il y fait une sorte de "bon vivre".


L'autostop de nuit est une autre paire de manche. Il faut trouver une combine pour demander verbalement aux gens, sans paraître bizarre. Cette fois-ci je trouve un passage clouté inutilisé à bouton pour déclencher le feu rouge. L'air soucieux mais pas dans le besoin j'arrive de plus loin et m'approche des voitures aux conducteurs susceptibles de bien vouloir m'ouvrir la fenêtre. Je leur demande s'ils peuvent me rapprocher en leur expliquant brièvement ma situation et m'étonne à leurs réactions. Une heure plus tard trois types m'ont pris en stop et le dernier m'amène directement à l'adresse de Damon, en m’expliquant que Hamilton est une ville énorme et qu'il pouvait bien m'éviter de marcher des heures!



C'est George qui m'ouvre la porte de la nouvelle auberge espagnole (5 étudiants en médecine) dont je vais prendre part. Damon n'est pas encore rentré et apparement c'est à lui qu'appartient la maison. Ils sont tous étudiants en médecine autour des 23 ans. Damon est un peu plus vieux, 30 ans je crois. Il a décidé de reprendre les études après avoir fait l'armée et être allé en Afghanistan. Le contact passe bien avec les futurs médecins. Ils ont un enthousiasme et une curiosité qui met à l'aise. Quand Damon rentre, on m'a déjà montré ma chambre, la salle de bain et le frigo. J'ai l'impression de déjà le connaître, c'est un peu comme un cousin que je n'aurai jamais vu, par ma famille d'accueil. C'est un chouette type, ca se voit. Au bout d'un demie heure, il me confie sa voiture pour que je puisse aller aux chutes, demain! Avec une confiance toute naturelle! Pour une seconde fois dans ce voyage je me sens "chez moi" tout de suite, enfin au moins pour quelques jours, c'est assez bon je trouve! A mon réveil tout le monde est en cours. P'tit-dèj, douche et lit sont tout le luxe possible et imaginable pour un voyageur! Le confort minimal c'est de ne pas être seul. C'est tout ce que je demande en voyageant après tout. Damon m'accueille chez lui et me nourrit, ce qui est déjà très au-dessus de la moyenne ici en Amérique du Nord, mais en plus il veut me payer pour travailler sur sa maison. Il fait parti de ceux qui veulent s'impliquer dans l'aventure et dans mon projet et ça c'est hors pair!



Aujourd'hui, c'est donc Niagara. Midi, tout prêt, j'ouvre la porte de la Pontiac Grand AM grise qui m'attend de l'autre côté de la rue et pars pour les chutes! C'est la première fois que je conduis depuis mon départ et ça fait tout drôle. Il y a environ une heure de route, pendant laquelle je découvre Jack Johnson dans un album qui traîne dans le lecteur cd. Musique originale, paroles engagées, il me plait c'ui-là! En tout cas plus que les chutes... Après être ressorti de la ville de Niagara et avoir espéré tomber sur un bel endroit un peu écarté de la ville, on vous fait atterrir dans des parkings à 18$ à quelques centaines de mètres du centre-ville aux places à 1,75$. Je me gare donc bien sûr en ville et sors avec mon bel appareil photo, curieux et suspicieux. Pas de surprise en fait, c'est encore une beauté de la nature gâchée par le tourisme et ses extravagances. Une bonne marche en pleine nature m'aurait largement convaincu moi comme d'autres, mais beaucoup sont prêt à payer pour monter dans l'hélicoptère ou dans le bateau, ou encore pour avoir une chambre d'hôtel avec vue sur les chutes. Dommage. Mon appareil photo est donc ma seule excitation, et encore. Son gros zoom et ses multiples équipements sont en effet très sympa pour de belles photos des chutes, mais je constate là aussi l'impact du tourisme: on m'explique que les grands bâtiments touristiques construits non loin empêche la brume (créée par la hauteur de la falaise) de se dissiper comme elle le faisait avant. Prendre des photos du trottoir ou d'un arbre ne suffit donc plus pour capturer toute la scène. Maintenant, il faut payer et monter sur l'horrible tour pouvoir contempler l'endroit... Tant pis. Je repars donc une heure après avec deux trois belles photos des chutes et mes souvenirs du reste : ça ne vaut pas le détour, pour moi. Les photos seules suffisent amplement.


En rentrant j'embraye donc vite sur ce qui apparaît comme la vraie essence de cette partie du voyage, encore et toujours les gens! Savoir les apprécier, en apprendre des tas de choses et se faire des amis partout dans le monde... Je m'imprègne ici de l'ambiance médecine, d'un bel exemple d'une colocation qui tourne et profite de la maturité et de l'ouverture d'esprit de ces bons canadiens! Damon est réglo, diplomate et entreprenant. Il me trouve de quoi m'occuper et négocie avec moi un prix à la tâche, sur ma proposition et plus que décent, sur la sienne. J'aime pouvoir disposer mes heures comme je veux et rendre un travail bon plus que rapide, ça laisse bonne impression. Je lui fais des courses, remplace une vitre cassée, nettoie son toit, vernis ses vitres, démonte son trampoline et bouche un trou dans un mur, pendant deux jours. Le soir, nous mangeons ensemble et regardons un film avec Damon et Lauren, sa copine. J'improvise le deuxième soir une variante d'un petit plat que je fais parfois: l'omelette aux légumes à l'indienne et au fromage, avec riz au curry... Ça plaît!
Ayant décidé de rester un peu plus à Hamilton pour travailler, j'ai aussi décidé de retarder mon arrivée à Boston. Il a donc fallut négocier mon retard chez Natasha, la couchsurfeuse de Boston. Pas commode Natasha, elle n'aime pas les imprévus...
Il ne faut plus traîner, je décide aujourd'hui de partir demain pour Boston. Damon me propose de me poser sur une rampe d'autoroute demain à l'aube, en nous emmenant boire une bière dans un billard de coin. Le cousin! Et deux livres de "spicy chicken wings" avec ça. A suivre le Damon!
Je me retrouve au milieu de la nuit, mes affaires toutes prête-à-partir, couché les yeux ouverts, à imaginer ma journée de demain. Avec 850km à la clé, c'est mon plus grand trajet potentiellement faisable en un jour mais jamais tenté, aux Etats-Unis... Suspens!
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