Paul - Hitchhiking from Canada to Colombia (2008-2009) & Mathieu - Living in Mexico (2008-2009)

Quelques 19 900km, en stop et en bus!


Afficher Itinéraire de Paul avec les légendes
29 octobre 2008

Niagara Falls... (P)




Dimanche 26 octobre. Je suis "reparti", littéralement. Cette fois ci j' ai pris le métro de 6h30 à Côte-des-neiges pour arriver tôt à Beaconsfield, une micro-banlieue montréalaise, en bus. C'est l'endroit que j' ai choisi sur internet, grâce aux images satellites, pour mon premier point d'autostop! Encore un bon point de l'autostop moderne Nord-américain! Il fait beau, j' ai donc une petite dizaine d'heures de soleil devant moi, pour à peu près 600 km avant la prochaine escale: Hamilton


Je n'ai écrit que deux mails à Damon (le neveu de Tracy) cette semaine et il m'a confirmé avec entrain qu'il n' y avait absolument pas de souci pour que je débarque chez lui!
Les chutes du Niagara sont la principale raison de mon détour par Hamilton, même si Damon aurait apparemment deux trois bricoles à me faire faire. Tout ce qui ressemble à un petit boulot est bon à prendre en voyage. Non seulement pour les sous mais aussi pour le moral. Cela fait du bien de se sentir utile parfois, concrètement.
Au bout d'un heure d'attente, je décolle enfin. Une corvette rouge s'arrête, je monte et c'est parti, le compteur est lancé! Puis vient le tour d'un pasteur membre de AAA qui m'offre toutes les cartes dont j'ai besoin pour l’Amérique du nord. Jusqu'à maintenant je mémorisais la route et ses alentours la veille sur internet, c'est donc un luxe! Les portions de route parcourues sont petites jusque 14h, lorsque je m'arrête pour un casse-croûte express quelque part en Ontario, dans un fast-food... J'suis en Amérique, faut m'excuser! Pour 3 dollars canadiens ça me fait un repas assez calorique pour être un déjeuner-stop ; un déjeuner-stop est rapide et petit ici, je compte en fait tacitement sur la générosité du mécène pour le routard!!


Dix minutes plus tard je suis dans un camion utilitaire avec un québecois en route pour Milton, une autre banlieue de Toronto proche de Hamilton, c'est ma chance de la journée. Les conversations sont un peu forcées, mais j'arrive à Milton pour le coucher du soleil et c'est le principal. J'y erre un peu, le temps de rencontrer deux trois personne pour me guider et pour me rendre compte qu'il n'y a plus de bus direct pour Hamilton. Une de mes rencontre me parle un peu de son coin, et Milton serait selon lui la comunauté à la plus grande croissance cette année au Canada. Admirant un peu les entourages pendant ma traversée de la ville à pied vers l'autoroute, grâce au ciel mi-orageux mi crépuscule inspirant, je constate en effet qu'il y fait une sorte de "bon vivre".


L'autostop de nuit est une autre paire de manche. Il faut trouver une combine pour demander verbalement aux gens, sans paraître bizarre. Cette fois-ci je trouve un passage clouté inutilisé à bouton pour déclencher le feu rouge. L'air soucieux mais pas dans le besoin j'arrive de plus loin et m'approche des voitures aux conducteurs susceptibles de bien vouloir m'ouvrir la fenêtre. Je leur demande s'ils peuvent me rapprocher en leur expliquant brièvement ma situation et m'étonne à leurs réactions. Une heure plus tard trois types m'ont pris en stop et le dernier m'amène directement à l'adresse de Damon, en m’expliquant que Hamilton est une ville énorme et qu'il pouvait bien m'éviter de marcher des heures!



C'est George qui m'ouvre la porte de la nouvelle auberge espagnole (5 étudiants en médecine) dont je vais prendre part. Damon n'est pas encore rentré et apparement c'est à lui qu'appartient la maison. Ils sont tous étudiants en médecine autour des 23 ans. Damon est un peu plus vieux, 30 ans je crois. Il a décidé de reprendre les études après avoir fait l'armée et être allé en Afghanistan. Le contact passe bien avec les futurs médecins. Ils ont un enthousiasme et une curiosité qui met à l'aise. Quand Damon rentre, on m'a déjà montré ma chambre, la salle de bain et le frigo. J'ai l'impression de déjà le connaître, c'est un peu comme un cousin que je n'aurai jamais vu, par ma famille d'accueil. C'est un chouette type, ca se voit. Au bout d'un demie heure, il me confie sa voiture pour que je puisse aller aux chutes, demain! Avec une confiance toute naturelle! Pour une seconde fois dans ce voyage je me sens "chez moi" tout de suite, enfin au moins pour quelques jours, c'est assez bon je trouve! A mon réveil tout le monde est en cours. P'tit-dèj, douche et lit sont tout le luxe possible et imaginable pour un voyageur! Le confort minimal c'est de ne pas être seul. C'est tout ce que je demande en voyageant après tout. Damon m'accueille chez lui et me nourrit, ce qui est déjà très au-dessus de la moyenne ici en Amérique du Nord, mais en plus il veut me payer pour travailler sur sa maison. Il fait parti de ceux qui veulent s'impliquer dans l'aventure et dans mon projet et ça c'est hors pair!



Aujourd'hui, c'est donc Niagara. Midi, tout prêt, j'ouvre la porte de la Pontiac Grand AM grise qui m'attend de l'autre côté de la rue et pars pour les chutes! C'est la première fois que je conduis depuis mon départ et ça fait tout drôle. Il y a environ une heure de route, pendant laquelle je découvre Jack Johnson dans un album qui traîne dans le lecteur cd. Musique originale, paroles engagées, il me plait c'ui-là! En tout cas plus que les chutes... Après être ressorti de la ville de Niagara et avoir espéré tomber sur un bel endroit un peu écarté de la ville, on vous fait atterrir dans des parkings à 18$ à quelques centaines de mètres du centre-ville aux places à 1,75$. Je me gare donc bien sûr en ville et sors avec mon bel appareil photo, curieux et suspicieux. Pas de surprise en fait, c'est encore une beauté de la nature gâchée par le tourisme et ses extravagances. Une bonne marche en pleine nature m'aurait largement convaincu moi comme d'autres, mais beaucoup sont prêt à payer pour monter dans l'hélicoptère ou dans le bateau, ou encore pour avoir une chambre d'hôtel avec vue sur les chutes. Dommage. Mon appareil photo est donc ma seule excitation, et encore. Son gros zoom et ses multiples équipements sont en effet très sympa pour de belles photos des chutes, mais je constate là aussi l'impact du tourisme: on m'explique que les grands bâtiments touristiques construits non loin empêche la brume (créée par la hauteur de la falaise) de se dissiper comme elle le faisait avant. Prendre des photos du trottoir ou d'un arbre ne suffit donc plus pour capturer toute la scène. Maintenant, il faut payer et monter sur l'horrible tour pouvoir contempler l'endroit... Tant pis. Je repars donc une heure après avec deux trois belles photos des chutes et mes souvenirs du reste : ça ne vaut pas le détour, pour moi. Les photos seules suffisent amplement.


En rentrant j'embraye donc vite sur ce qui apparaît comme la vraie essence de cette partie du voyage, encore et toujours les gens! Savoir les apprécier, en apprendre des tas de choses et se faire des amis partout dans le monde... Je m'imprègne ici de l'ambiance médecine, d'un bel exemple d'une colocation qui tourne et profite de la maturité et de l'ouverture d'esprit de ces bons canadiens! Damon est réglo, diplomate et entreprenant. Il me trouve de quoi m'occuper et négocie avec moi un prix à la tâche, sur ma proposition et plus que décent, sur la sienne. J'aime pouvoir disposer mes heures comme je veux et rendre un travail bon plus que rapide, ça laisse bonne impression. Je lui fais des courses, remplace une vitre cassée, nettoie son toit, vernis ses vitres, démonte son trampoline et bouche un trou dans un mur, pendant deux jours. Le soir, nous mangeons ensemble et regardons un film avec Damon et Lauren, sa copine. J'improvise le deuxième soir une variante d'un petit plat que je fais parfois: l'omelette aux légumes à l'indienne et au fromage, avec riz au curry... Ça plaît!
Ayant décidé de rester un peu plus à Hamilton pour travailler, j'ai aussi décidé de retarder mon arrivée à Boston. Il a donc fallut négocier mon retard chez Natasha, la couchsurfeuse de Boston. Pas commode Natasha, elle n'aime pas les imprévus...
Il ne faut plus traîner, je décide aujourd'hui de partir demain pour Boston. Damon me propose de me poser sur une rampe d'autoroute demain à l'aube, en nous emmenant boire une bière dans un billard de coin. Le cousin! Et deux livres de "spicy chicken wings" avec ça. A suivre le Damon!
Je me retrouve au milieu de la nuit, mes affaires toutes prête-à-partir, couché les yeux ouverts, à imaginer ma journée de demain. Avec 850km à la clé, c'est mon plus grand trajet potentiellement faisable en un jour mais jamais tenté, aux Etats-Unis... Suspens!
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