Paul - Hitchhiking from Canada to Colombia (2008-2009) & Mathieu - Living in Mexico (2008-2009)

Quelques 19 900km, en stop et en bus!


Afficher Itinéraire de Paul avec les légendes
10 octobre 2008

Vers la Nouvelle-Ecosse! (Paul)



J’ai l’esprit dispersé, mon grand corps fatigué par l’exiguïté du bus Greyhound américain (pourtant fort bien voir trop bien motorisé, à l’entendre rugir, le monstre!), et mon moral remonté contre l’ampleur de mes dépenses et mon incapacité à me passer de cette saleté de caillasse. Encore une fois je me sens débordé alors que je ne sais ni me situer à Montréal, ni par où “commencer” puisque je n’ai pas encore examiné ne serait-ce qu’un simple plan des quartiers de la ville. Une horrible question ne cesse de me marteler la tête alors que recommence une de ces longues marches à la recherche d’une rencontre insolite, puis même quelconque: “qu’est-ce que je dois faire?” Elle me donne un bizarre sentiment d’échec et me rappelle que je ne suis pas encore bien installé dans ma condition de voyageur, qui me semble incertaine et mal préparée. Bref, horrible moment vraiment.

Cherchant à l’éviter pour de bon, je me concentre sur l’air frais et le beau temps et m’installe dans un café Van Houtte d’où sort un parfum de petit-déjeuner extraordinaire et où je commande café et gâteau d’avoine aux pommes (terriblement bon!), faute de n’avoir trouvé moins cher, encore une fois. Dégustant avec entrain mon p’tit-dej, je décide de chercher une bibliothèque pour l'internet gratuit, me donnant ainsi un but à ma matinée, puisque internet signifie pour moi notre blog de voyage, mes mails et représente à ce titre ma trousse de secours morale, en quelques sortes...

En attendant l'ouverture de La Grande Bibliothèque, un québécois m'offre une cigarette pendant que je lui présente rapidement mon voyage. Son visage intéressé, ses encouragements et l'admiration dont il me fait part, combinés à la sensation particulière que j'ai en me rappelant le goût de la Canadian Classic, me remontent le moral de manière frissonnante... Mémorable bon moment !, si singulier soit-il. Revigoré, je consacre finalement mon temps internet à la recherche d'un endroit pour dormir et surtout de "locaux" à rencontrer (il fait beau et j'ai mon hamac, au pire). Je me sers pour ça du site couchsurfing, gros réseau de voyageurs et de curieux près à vous rencontrer et à vous accueillir pour quelques nuits -moyennant un chouette petit mail- sur lequel je comptais pas mal pour mon voyage sans me rendre compte que c'est un peu trop "galère" pour être utilisé quotidiennement, sachant qu'il faut généralement envoyer une dizaine de mails pour obtenir une réponse positive, voir plus si on demande au dernier moment comme moi.

Ceci étant fait je repars en vadrouille sans trop de but précis, cherchant quand même un endroit à musicien (genre parcs etc.). Mais ma première rencontre n'est pas un musicien ; Éric, démarche Lagaffe et fort accent québécois, flâne dans les parcs et petites rues montréalaises, alors qu'il essaie de retrouver du boulot pendant qu'il guérit de son problème de santé. Ce n'est pas son côté paumé qui nous rapproche, mais ses voyages. Il me parle fièrement de ses voyages en Europe et au Canada, pendant que nous nous installons dans son parc préféré, le square Saint Louis, pour que je joue de ma nouvelle guitare en fumant sa "drôle de cigarette", comme dirait Matteo Pennacchi. Considérant ma musique, il prend le côté lucratif très au sérieux et se consacre à la recherche d'un endroit où je pourrai m'installer pour gagner des sous, en m'invitant avec peine à passer la nuit dans son modeste chez-lui sur son canapé. Acceptant volontiers, je m'installe dans une rue piétonne et reprend mon répertoire musical en commençant par le meilleur, pendant qu'il part chercher de quoi nous désaltérer. Vingt minutes plus tard, n'ayant gagné qu'un dollar et ne le voyant pas revenir, je me lève et repars, un peu déçu quand même, à mon incessant vagabondage.

Mon temps passe, mes pieds et mon dos s'usent car mon sac me suit encore partout, et je finis dans une chouette auberge de jeunesse, Le Gîte du Plateau (je suis dans le quartier du plateau du Mont-Royal), où je pose mon gros sac pour aller manger un Poutine typique chez "Frite alors!". Puis je me dirige vers le square Saint Louis.
Montréal est plus propre et moins bruyante que New York en général (métros etc.), mais la palme de la paisibilité revient pour moi à ce petit quartier Saint-Louis, situé au croisement de Saint-Denis et de Sherbrook. Le parc et sa fontaine, les rues piétonnes, les belles assiettes des restaurants qui font la renommée gastronomique montréalaise, et les terrasses abaissées des bistrots ralentissent le temps. Les Montréalais, eux, le remplissent ce temps, puisque deux types (étudiants) m'invitent à leur table pour y boire une pinte et y philosopher. Après une brève présentation, je réussis à les lancer sur leur pays, et donc très vite leurs politiciens (ils sont du genre indépendantistes mais cools), nos accents, et leurs bières. L'un des deux s'en va au bout d'un moment; alors qu' Alex (l'autre) et moi nous dirigeons vers le parc pour y boire une dernière bière, finalement accompagnés par un inconnu qui se révèle être tout juste sortit de prison pour un braquage de banque loupé! Une bière plus tard, je rentre et dors comme une pierre.
Lorsque je sort de l'auberge, j'ai bien mangé, j'ai bien bu, j'ai bien dormis, j'ai pris et regardé tous les prospectus de voyageur du gîte, il fait beau, et des couchsurfeuses (du réseau) m'ont invité chez elles pour ce soir. Tout va bien! (pour ceux qui s'endormiraient).

Informé cette fois, je me dirige vers le vieux port et donc le vieux Montréal, toujours à pied.
Un homme avec qui j'y sympathise m'informe sur le stop au Canada et me confirme que cela se fait. Je décide donc de partir le lendemain pour la Nouvelle-Écosse, ce qui me laisse trois jours pour arriver chez mon ancienne famille d'accueil (j'y ai vécu un an), à 1200 km d'ici : Ce sera Oktoberfest, et j'ai envie de leur faire la surprise!
Je consacre le reste de mon après-midi à acheter (acheter, bon sang, encore et encore!) mon nouvel appareil photo et à l'essayer. Mais cette fois ci je ne culpabilise pas, ce sont tout mes meilleurs amis qui me l'offrent ! Une belle enveloppe reçue pour mon anniversaire, le 13 Septembre juste avant mon départ. Le zoom est extra et les photos sont de bonne qualité, je suis satisfait.

Marie-Ève -une des couchsurfeuses- est à la station Côte-des-neiges à 19h30 comme convenu! La soupe végétarienne et les protéines (fromage et préparation au soja) qu'elle a préparés me changent du régime de base Nord-Américain. Le tout est bourré de parfums et de consistances variés : ça le fait! Émilie -l'autre couchsurfeuse- travaille encore. Marie-Ève et moi discutons stop, voyages, cuisine, politique (elles manifestent pour de bonnes causes déguisées en clown!) et même amours: selon elle, les hommes seraient plus aptes à se passer de leur amour que les femmes... Elle me dégote même un covoiturage sur internet, qui m'avancerait de 400 km !
Les deux filles sont étudiantes, et je me réveille tranquillement tandis qu'elles se préparent pour les cours. Mon covoiturage est à quatre heures cet après-midi, j'ai donc le temps d'aller gravir le Mont Royal et y prendre deux ou trois photos. Si les photos sont réussies, je reste déçu sur le plan physique et me demande encore comment ce grand explorateur qu'était Jacques Cartier en 1535 a pu appelé ce petit tas de terre de 200m d'altitude un Mont!

Alors que je tente de rédiger sur quelques vielles feuilles mon article sur New-York, les aiguilles tournent sur mon petit banc du débarcadère de la banlieue montréalaise de Longueil, et cinq heures et demie passé je m'énerve et jure sur mon mauvais sort... Mon drive ne passera pas! Enfin pas aujourd'hui... Je me rend compte que nous nous sommes trompés de date pour le covoiturage, ce sera pour demain. Incapable de retrouver l'adresse d'Emilie et Marie-Ève que ce soit sur internet ou sur place... J'avais accordé plus d'attention à notre conversation qu'au chemin que nous avions emprunté pour rejoindre l'appartement la veille. Après avoir tourné et retourné autour de ces bâtiments tous trop identiques je prends la sage mais dure décision de passer la nuit dehors, sur un matelas de canapé clic-clac que je dégote et installe dans une arrière-rue calme, emmitouflé dans mon duvet, ma guitare cachée et à l'abri de la pluie, moi enlassant mon gros sac. Je me réveille vers huit heure, en forme. Je retrouve très vite l'appartement que j'ai désespérément cherché hier... Lorsque je sonne enfin, à la recherche d'un lavabo pour y laver de quoi survivre pendant mes deux jours de stop, c'est Isaac, un nouveau colocataire!, qui m'ouvre la porte, alors que les filles dorment encore. Décidément il s'en passe des choses en 24 heures.
Lui aussi a pas mal voyagé, et nous creusons la conversation autour de nos expériences en matière de musique de rue. Il m'ouvre définitivement des perspectives lorsqu'il me parle de certaines journées à plus de 100 euros, en Irlande. Conclusion : il suffit d'une bonne rue piétonne fréquentée par de petits groupes de personnes, en balades plus qu'en route pour le boulot, d'un ou deux bons musiciens, et bien sûr d'un peu de persévérance !
Un bon lunch, nos vrais aurevoirs, et un peu de chance me permettent d'arriver pile à l'heure pour mon rendez-vous stop, ou "covoiturage" : c'est le mélange pratique d'internet et de l’auto-stop, permis grâce au site "amigoexpress", une fine idée !

Nancy Malenfant, jeune et charmante journaliste agricole québecoise, m'attend au débarcadère. Ses voyages en Inde et au Honduras nourrissent bien sûr nos premières conversations, et notre bonne entente me vaut une invitation chez ses parents à Rivière-du-Loup, à quelques 450km au Nord de Montréal, passé Québec. Salade grecque et vin rouge le soir, bacon œufs et toasts le matin, les Malenfant ne font pas les choses à moitié !

Rassasié, reposé et propre, je suis sur la route à huit heure le matin, le pouce en l'air. Dix minutes plus tard, j'embarque dans un camion Classic avec Ron, la soixantaine, routier solitaire parleur néo-écossais, pour 700 autres km! A ma grande surprise, Ron a pas mal voyagé... USA, Mexique, ses histoires me plongent dans mes attentes futures. Après avoir décortiqué son tableau de bord et les chiffres impressionnants de sa consommation en gasoil comparé au litres de yaourt ou de glaces qu'il transporte, nous dérivons sur la religion.
"Je crois fermement en Dieu depuis que je lui ai demandé de me prouver qu'il existe, à un moment où je ne put faire la différence entre le bien et le mal." me dit-il sans préciser.
Je lui répond aussi prudemment que possible que je n'ai rien contre le Dieu qui aide les personnes à sortir de leur malheurs ou à comprendre leur destinée ; mais pourquoi leur faire croire à une vie après la mort, ou les obliger à accomplir toutes ces prières et rituels aux allures superstitieuses dans une messe à laquelle certains ne participent que pour recevoir leur "Salut"?
"Une branche seule a beaucoup de mal à brûler, alors qu'elle parvient même à nous chauffer lorsque tu en disposes quelques unes autour de la bonne manière" répond-il après réflexion... Nous arrivons vers six heures et demi du soir à Truro, à 50 km de ma destination finale, Tatamagouche. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il me faut six voitures pour les parcourir. Le comble, après mes deux jours de grande chance.

Maintenant, c'est la nuit après le boulot. Mes amis canadiens, ma famille canadienne, la "nourriture" canadienne (ce mot food m'a toujours semblé rigolo, car je ne l'emploie jamais en français pour les humains, bizarrement), de quoi être repus pour un pt'it bout de temps! J'en profite pour voyager inconsciemment, rêver. Aujourd'hui j'écris mon article sur le Canada, j'écris un mail à Mathieu, lui reparlant du livre qu'on rêvait d'écrire, maintenant, et me repose des deux jours de déménagement et de stockage de bois, payés, que j'ai passé. Lui doit être au Mexique depuis 12 jours maintenant. Ce livre serait pour moi le "ce que je dois faire"en question, constitué de nos articles web, peut-être un peu peaufinés.
Il ne me reste plus qu'à le vivre.

4 comments:

Léa a dit…

ah mon petit poleton !! tu savais bien que tallai galerer hin , et ca forge le caractere ! a coté de ca , tu fais telement de rencontres, tu découvre telement de chose: dailleurs , jespere que tu es aller au MOMA de new york !!
Enfin nous ici tout se passe bien , avec cybou on a reprit la fac, un truc plutot genial !
on pense a toi et parlons de toi aussi : on se dit, tien poleton il est en train de prendre son pied a la découverte d'un nouveau monde ! je sais , c'est pas si idyllique que ca, mais continue a rever , et surtout ne te décourage pas !
`jattend ton nouvel article avec impatience
gros bisous mon poleton , jtm fort

Anonyme a dit…

Ah mon cher Paul, c'est avec un grand interet que je lis tes messages riche en émotions!
Ton voyage doit etre telement passionnant que le cul sur ma chaise à St léger en Yvelines je t'envie enormement :p
Profite de chaque instants,et de ces rencontres que tu entreprend déjà avec une grande curiosité !!
Bon courage, ne baisse pas les bras car un reve et une grande chance s'ouvre à toi :)
Bisoousss, jpense fort à toi :) :)
Cybou

Minouskastation a dit…

Yo mon Paultitaton!!!
Sa commence à être sacrément passionnant ton histoire! T'en fais pas ma biche, le bonheur n'arrive jamais sans quelque galères et sa fait parfois du bien d'en chier des briques!!!!! Dans tous les cas, et tu nous le prouve encore, t'arrives toujours à te sortir du pétrin!
Pour ma part, je Schücotte de nuit à fond les ballons histoire de renflouer les caisses encore et toujours un peu plus....
Le départ, prévu pour début novembre n'est pas repoussé, on a pas mal avancé dans les démarches.
Bisous ma poule!!!!!!
Ton salaud!!!

Anonyme a dit…

salut paul
je viens de lire ton dernier article avec annie tu nous epates avec tes avantures on espere que la chance va etre avec toi !.
a bientot pour tes nouvelles aventures .
bisous de la petite famille bouzo.....

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