Paul - Hitchhiking from Canada to Colombia (2008-2009) & Mathieu - Living in Mexico (2008-2009)

Quelques 19 900km, en stop et en bus!


Afficher Itinéraire de Paul avec les légendes
18 octobre 2008

Sur la route de Montréal (P)






Mon arrivée à Sackville ne se prive pas d'une petite touche de chance et si Sarah ne décroche pas son téléphone je rencontre comme par hasard Nicole, elle aussi une ancienne camarade de classe en études universitaires à Sackville, à la station essence faisant office d'arrêt de bus. C'est donc parti pour une après-midi tranquille chez elle et son colocataire Mat, pizza devant "Blue planet" (style 20 000 lieux sous les mers en encore mieux) et bœuf guitaristique en vue!
La chambre de Sarah à Sackville est une chambre universitaire qu'elle partage avec une correspondante japonaise. Il y a pile la place pour poser mon matelas entre les deux autres lits. Mon séjour s'y passe tranquillement, entre repas au super self a 13$ le repas que Sarah m'évite en passant sa carte et balades autour dans le coin. Je profite néanmoins beaucoup plus les temps passé chez Nicole, qui est peut-être plus dans mon genre (le côté hippy peut-être).
Si mes trois jours de semaine s'avèrent un peu "mous", le weekend est plus mouvementé. Nous allons au match de football (américain bien sûr) le vendredi, et malgré toutes mes questions personne n'est capable de m'expliquer les règles du jeu. Il faut croire qu'ils n'y vont que "pour le fun"...
Les deux soirées, elles, sont comme dans les films. Alcool à foison, capharnaüm musical et véritables bordels dans les chambres, impossible d'aller se coucher. Je me retrouve par hasard dans la chambre de Michael, un pote de Jeff avec qui nous entamons une conversations sur les Etats-Unis, les élections, bush etc. en buvant des Budweiser. Michael est en fait américain et nourrit donc bien le débat, même si la conclusion reste un peu noyée dans la bière...
Je décide de repartir le dimanche en stop, pour Montréal, comptant y faire escale avant de faire un tour par les chutes du Niagara.

Tracy m'a mis en relation avec son neuveu, Damon Tedford, qui habite à Hamilton, à une heure de Niagara en voiture. Peut-être pourra-t-il m'accueillir pour une nuit ou deux!

Je suis sur la route à 11h du matin, un peu tard peut-être, sachant qu'il me reste un bon millier de kilomètres à parcourir jusqu'à Montréal. Je trouverai bien un coin pour installer mon hamac de toute façon. Il n'y a rien à dire, j'adore le stop même si ici les moments d'attente sont plus longs. J'y apprends vite et beaucoup de culture locale et canadienne, et y rencontre toutes sortes de personnes : jeunes ou vieux, hommes ou femmes, businessmen ou charpentiers, noirs ou blancs, tout y passe! Où passerait on une telle journée à discuter sérieusement avec toutes ces personnes sans faire du stop ?
Vers sept heures du soir, la nuit est tombée, et je n'ai pas réussi à me faire inviter chez quelqu'un malgré mes efforts. Contrairement à ce que j'espérait il fait froid, environ 3 ou 4 degrés, et la nuit vient juste de tomber. Trop à la périphérie de Edmunston pour y entrer et y chercher un endroit plus chaud, je me dirige instinctivement vers un motel que j'ai repéré, le Days Inn! Il à l'air plutôt luxueux mais pas gardé... Après avoir repéré quelques portes d'entrées tout autour, je rentre par l'entrée principale et fait mine d'être dans le besoin à l'unique hôtesse d'accueil, en lui demandant s'il y a internet dans l'hôtel. Elle me répond désolée que l'ordinateur est hors-service et me souhaite une bonne soirée, sans aucune suspicion.
Comme un félin en chasse cette fois ci, je rentre par une autre porte et monte les escaliers sans bruit avant de me déplacer d'un air confiant dans le couloir. Pas un chat, les suites ont une ouverture sur l’extérieur et les gens n'ont pas grand chose à faire dans ce couloir visiblement. Je suis couvert.
Avançant avec attention, j'aperçois enfin une porte ne menant pas à une suite... Et sa fermeture est bloquée par un petit morceau de bois coincé dans le coin de la porte...
Après courte hésitation l'excitation et le suspens me poussent à y entrer : c'est une remise pour les femmes de ménage. Derrière deux chariots à ménage se cachent matelas de secours, lits de bébé, couvertures, draps, coussins et autre matériel d'hôtel !
Allez... tentons ! Je réfléchis aux possibles conséquences et me prépare un bon récital pour celui qui me trouvera là, ou pas. C’est honnêtement très faisable avec la majorité des gens. Si la pitié n'est pas toujours la première impression face à un squatteur, mon originalité et mon ingénuité me permettront d'attraper la sympathie et le "va pour cette fois"! ou pas...
Je m'y cache deux petits matelas -au cas où quelqu'un rentrerait avant mon départ- et me trouve deux vielles briques de jus d'orange soit-disant périmées que j'avale à petites gorgées avant de me coucher. Il n'est que neuf heures, mais je n'ai plus rien à faire et tous comptes faits une bonne nuit ne me fera pas de mal.
Une petite méditation récapitulative de la journée me permet finalement de m'endormir, au chaud... Je me réveille à l'aube, et me lève tout en remettant tout en place. Je viens de forcer un peu la fraternité mais je me garde ça sur le compte de la jeunesse ! Je n'ai éthiquement rien fais de mal et j'ai pu dormir, sans payer pour une foule de services que je ne peux me permettre. A mettre bien sûr sur le compte de la chance, également !
Lorsque je quitte le motel, il est huit heures le matin. Le soleil m'a devancé quelque peu et l'impressionnante couche de givre sur le gazon me félicite. Vers 10h45, après plus d'attente que de divertissement, un nouvel écossais s'arrête et me prend en stop. Il fait un trajet d'une semaine d'Est en Ouest à travers le Canada... et passe par Montréal! Jeff (si je me souviens bien) est pilote d'hélicoptère et aime l'aventure. Il connais beaucoup du Canada et m'apprend un tas de choses. Le feeling y est, c'est mon jour de chance! Après avoir conversé sur la nouvelle écosse, le ski, la cueillette de blueberry -les très nombreuses et fameuses myrtilles de nouvelle écosses-, et les femmes québécoise entretiennent l'éveil de Jeff pendant notre long trajet. "Aussitôt la frontière québécoise passée, le niveau augmente radicalement" dit- il convaincu, "il doit y avoir un truc avec leurs habitudes alimentaires, c'est sûr!" Et nous voila partis sur le beau Québec, ses belles femmes et ses moult fermes. Il m'explique que la forme longue et fine des prairies remonte à la distribution d'énorme carrés de terre lors de la colonisations française du Canada. Au fil des générations, le père partageait ses terres en pars égales pour ses fils. Et c'est la présence de la rivière au bord de la prairie qui explique le fait d'avoir choisi des bandes au détriment des carrés, pour que tous aient accès à l'eau. Comme le veut la tradition, je lui explique que j'ai grandi dans un chèvrerie et lui montre des photos, en lui expliquant le peu que je sais sur les fermes françaises. Nous roulons bien, et Jeff me dépose à l'aéroport de Montréal vers 16h heure locale, car nous avons traversé un fuseau horaire à mon avantage ce qui me laisse un heure de plus pour mon retour dans la ville.
Mission accomplie.

J'y rencontre Suzanne, Australienne à l'origine mais venant elle aussi de Nouvelle Ecosse, qui par demain pour Hawaï. Elle cherche un endroit pour la nuit, pas trop cher. Je me fais un plaisir de la conduire jusqu'au gîte du plateau que je lui conseille sans me prononcer sur mon plan à moi, car j'espère encore trouver un plan pour ma nuit. Nous nous dirigeons ensuite vers "Frite alors!" et commandons un poutine mexicain et un poutine "Frite alors!" que nous avalons avant d'aller boeufer au Square St-Louis. Elle chante plutôt bien. Romantique n'est-ce-pas?
Sur le chemin, un clochard aux allures de famine me vend tout à fait par hasard un vélo tout réparé et entretenu pour 30 dollars canadiens CAD, environs 20 euros. Cela m'évitera de payer le métro en plus de me faire faire un peu de sport, et avec un peu de chance j'arriverai à le revendre 20 dollars de plus. L'aubaine! Mais j'ai largement dépassé mon budget de la journée, alors je repars en quête d'un toit gratuit sur Saint-Louis.
La rue ne me tente pas trop ce soir et il pleut, ce qui tourne à mon avantage : j'expose mon projet du mieux que je peux à quiconque me paraît charitable, et finit par me faire inviter par un compatriote, Nicolas !
Une heure plus tard, j'ai pris une douche, j'ai un canap' ou dormir ce soir et demain, et la coloc où j'ai atterri est très accueillante.
Je tombe dans un sommeil profond ; demain est un autre jour.
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